Bio

Je suis née en 1974, à Vichy.
A 17 ans, je voulais déjà faire du cinéma, après avoir découvert les Nuits fauves de Cyril Collard, mais on m’a dit qu’il n’y avait pas de débouché, alors je me suis dit qu’éducatrice spécialisée c’était pas mal aussi. Alors j’ai fait une fac de psycho cognitive,  parce qu’on ne m’avait pas prévenu que toutes les facs de psycho ne se ressemblaient pas. Je me suis bien ennuyée. Mais je me disais que ça me permettrait quand même de passer le concours d’entrée de la FEMIS, vu qu’il fallait un DEUG. Le hasard ( sourire) a fait qu’un jour de printemps 1995, je suis passée devant l’école des Beaux Arts et qu’une pancarte sur la porte indiquait que le concours d’entrée avait lieu la semaine d’après. Je ne sais pas pourquoi, je n’y avais jamais pensé, mais je suis entrée… J’ai finalement passé 5 années à l’école d’arts de Clermont Ferrand, où je me suis beaucoup plu. J’y ai vu mon premier film de cinéma Documentaire, Daguéréotype d’Agnès Varda. A l’époque je me dis juste que c’est vachement bien cette forme, que je ne savais pas qu’on pouvait faire ça en cinéma aussi. Mais je travaillais sur l’agression publicitaire, et me sentais à ma place dans l’école. Diplôme en poche, en juin 2000. Avec les félicitations du jury. Il valide mon choix. Je commence à exposer. Le monde de l’art, sa réalité, me rend triste. Je préfère retourner à l’école. En 2002 je tente les post-diplômes de Nantes et de Lyon. Ce sera Lyon. Jean-Pierre Rehm sera mon tuteur pour l’année, il est aussi le directeur du Festival international de documentaire de Marseille.  Je rencontre grâce à lui le cinéma de Arnaud Despallières. Seconde piqure de rappel. Ah tiens, mais c’est vraiment cette forme là que j’aime au cinéma : subjectivité et écriture singulière.  Ma coloc est documentariste et va aux états généraux du documentaire à Lussas en Ardèche, elle m’en parle.. . Entre-temps, je continue mon boulot de plasticienne, les interventions en milieu scolaire, les expos et surtout je milite. Je suis Anti-tout. Anti G8, anti-capitalisme, anti-OGM, et surtout anti-pub. Je sors la nuit avec des amis, je repeins la ville. J’efface les  signes, je les recouvre de blanc. En avril 2004 mon ami Sourd Vincent se suicide. Un choc qui fera brunir mes cheveux d’un seul coup et écrire en deux jours le dossier pour entrer à l’école de documentaire de Lussas. Un film sur la communauté Sourde et la langue des signes. Un film sur une colère. Je me retrouve en novembre, étudiante, avec 12 autres chanceux,  dans un petit village ardéchoix, pour une année qui sera décisive. J’y apprendrai mon métier. A Lussas, toutes les pièces du puzzle s’assemblent, c’est comme trouver la clef de toutes ces boites accumulées, depuis toujours, et qui n’en faisait en fait qu’une. Cette révélation prend aussi la forme d’un film de fin d’étude D’un chagrin j’ai fait un repos. J’irai jusqu’à Cuba avec lui. Je reviendrais avec un prix. J’ai tout mis dans ce film. Surtout, j’y ai laissé mon sentiment d’impuissance à changer le monde. J’arrête le militantisme, je ne m’y retrouve plus. Gènes, Annemasse m’ont désespéré. J’aspire à de nouvelles formes de lutte. Je ne supporte plus la mascarade.

Mon master 2 en poche, je grimpe à Paris. Puisqu’il parait qu’il faut passer par cette case. Erreur. Qui n’en est pas une, puisqu’il n’y a pas d’erreur. Jamais. Et puis je vais retrouver un amoureux.
J’en repartirai avec le futur père de mon fils, pour la Creuse et le plateau de Millevaches, en 2008.
A Paris, je travaille avec un producteur que j’ai rencontré à Lussas sur ce film avec les Sourds. Toujours en chantier. J’ai du mal à le trouver. Je suis toujours en colère. Alors forcément, on a du mal à le produire.

En 2009 je fais un enfant et  mon premier long-métrage. La pieuvre. J’y raconte l’histoire de ma famille liée depuis des générations à une une maladie génétique neuro-évolutive, la maladie de Huntington. En parallèle, je continue à écrire ce film avec mes amis Sourds.

J’ai besoin de faire, alors je propose à mon ami Baudoin de faire un film ensemble. Son portrait. Il est d’accord. Ce film Edmond, un portrait de Baudoin , je le finis en 2014. Mais il ne sortira en salle qu’à l’automne 2015, grâce à mes producteurs qui décident de le distribuer eux-mêmes.

Quelques mois plus tard , en janvier 2016, sort en salle  J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd, une lettre en cinéma à mon ami Sourd, où je lui donne des nouvelles de son pays. Enfin. J’ai fini par le trouver et le finir. Deux ans avant j’ai déposé ma colère,  j’ai décidé d’accepter de faire le film d’une entendante, et j’ai décidé d’écrire à Vincent. Alors j’ai eu l’avance sur recettes.

A Lussas, l’été précédent,  à la sortie d’une avant-première  du film, j’ai demandé à Jean-Marie Gigon, un producteur que je venais de rencontrer, en qui j’avais une confiance aveugle et inexplicable,  s’il voulait bien faire un film sur un bal. Il m’a dit Oui tout de suite.
L’été suivant, sans argent, on tournait Le Grand Bal.
Le film sortira en salle en octobre 2018.

Entre temps, j’ai aussi tourné La visite, un court-métrage, avec Julie Du Chéné, avec qui je me ballade au musée d’art moderne…

L’année dernière, j’ai réussi à enfin terminé une version 52 minutes pour la télé  d’un film sur Vichy, ma ville natale, commencé .. en 2010 !
Et actuellement je bosse sur un projet de série autour du polyamour, ( tatatatata grand passage à la fiction ), et sur 3 autres  films documentaire :   Un premier avec une amie qui a consacrée sa vie à la voix… un second à Calais, avec la compagnie Hervé Koubi et un troisième avec mon ami Shakur, réfugié afghan fraichement débarqué dans mon village.
Du pain sur la planche, du boulot pour les années à venir. Avec un immense plaisir.