Lettre à Vichy

J’ai passé mon enfance et mon adolescence dans cette ville qui a accueilli le gouvernement entre 1940 a 44. A 18 ans, je l’ai fuie. Encore aujourd’hui je suis gêné lorsque j’avoue que je viens de Vichy. Je reviens dans ma ville natale pour découvrir celle qu’on a longtemps appelé la Reine des villes d’eau. Et peut-être, enfin, me réconcilier.

Par Françoise Boissonnat

"Lettre à Vichy", son eau pétillante, ses pastilles, ses années noires et le nécessaire devoir de mémoire

« La France en vrai » vous emmène à Vichy dont la période Pétain colle à l’image comme un vieux sparadrap. La réalisatrice Laetitia Carton propose, sous forme de lettre à sa ville natale, de redécouvrir celle qui fut « la reine des villes d’eau ». Un « je t’aime moi non plus » tout en nuances.   C’est une histoire d’amour et, comme toutes les histoires d’amour, elle évolue au fil du temps. A l’enfance heureuse, succédera l’adolescence « presque coupable » de la réalisatrice d’être Vichyssoise. Alors elle va partir loin et longtemps de son Allier natal. Une coupure de vingt ans et un retour à…

« La France en vrai » vous emmène à Vichy dont la période Pétain colle à l’image comme un vieux sparadrap. La réalisatrice Laetitia Carton propose, sous forme de lettre à sa ville natale, de redécouvrir celle qui fut « la reine des villes d’eau ». Un « je t’aime moi non plus » tout en nuances.

 

C’est une histoire d’amour et, comme toutes les histoires d’amour, elle évolue au fil du temps. A l’enfance heureuse, succédera l’adolescence « presque coupable » de la réalisatrice d’être Vichyssoise. Alors elle va partir loin et longtemps de son Allier natal. Une coupure de vingt ans et un retour à Vichy dans l’espoir d’une réconciliation.

Le syndrome Vichy,  c’est comme un secret de famille qui empoisonne des générations…

Laetitia Carton

Pour comprendre pourquoi cette gêne quand on lui demande d’où elle est, Laetitia Carton est revenue par deux fois, à 10 ans d’intervalle, vivre dans sa ville natale… Celle de l’eau pétillante, des pastilles et de Pétain. Quatre années (1940-1944) qui pèsent toujours sur  Vichy : « Ces quatre années sont une plaie béante dans l’histoire de France et dans celle de Vichy. J’appelle ça le syndrome Vichy. C’est comme une secret de famille qui empoisonne des générations« , raconte Laetitia Carton.

Etrangère dans ma ville, je me suis inscrite à toutes les visites guidées… Il y a un tel désir de la comprendre.

Laetitia Carton

Dans son film, Laetitia Carton arpente sa ville pour découvrir qu’elle… ne la connait pas et pour rappeler que Vichy a subi et non choisi son destin. Elle marche, questionne et interroge. Et on marche avec elle, levant les yeux sur l’incroyable plafond de l’Opéra, valsant sur les bords de l’Allier, découvrant une ville d’arts et d’histoires. Toutes celles qui ont fait la renommée de « la reine des villes d’eaux ».

Car entre les deux périodes de tournage, espacées d’une décennie, le regard de la réalisatrice a changé. Après le travail de recherche et au fil des rencontres, il est moins tranché. « Je me suis inscrite à toutes les visites guidées dont la plus demandée, celle de 40-44. Il y a un tel désir de savoir, de comprendre. Le tourisme historique a pris de l’ampleur… » Laetitia Carton plaide pour la création d’un mémorial, « Un endroit où l’on dépose les choses, dit-elle. Le travail historique a bien été mené mais pas au niveau de l’inconscient collectif. » Ce à quoi répond le maire de la ville : « Le devoir de mémoire c’est d’assumer… On nous dit – vous êtes dans le déni -. On n’est pas dans le déni. On ne veut pas assumer seuls. »

Le devoir de mémoire, c’est d’assumer…

Frédéric Aguilera, maire de Vichy

Ecrit à la première personne, « Lettre à Vichy », c’est la petite histoire dans la grande. Un hommage poétique en deux chapitres, un récit amoureux dans lequel se mêlent la haine et la fascination… Une balade aussi historique qu’intime dans cette ville pudique au cachet suranné… Ville qui ne demande qu’à se dévoiler…

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